Kill it with fire ! [Fb - Feat. Mangetsu]

Tu cours, tu cours.
Jusqu’à en perdre ton souffle, jusqu’à te briser une côte, jusqu’à t’exploser les poumons.

Un goût amer dans la bouche, elle sortait de l’imposant bâtiment qui dominait tout le village. Ses yeux lançaient des éclairs, et une expression outrée avait remplacé son discret sourire habituel. Pourtant, cette humeur à mi-chemin entre boudeuse et colérique, lui donnait un air encore plus fondant. Elle était une jeune femme flamboyante. D’un pas déterminé elle s’enfonçait de nouveau dans la ville. Ils étaient en début de soirée. Elle leva les yeux et soupira doucement. Papa, on ira voir les étoiles cette nuit ? Non, il n’y aurait peut-être pas d’étoile, ce soir, dans le ciel. La demoiselle, visiblement agacée par ce qui s’était dit un peu plus tôt alors qu’elle avait essayée de raisonner son Kage, allait nerveusement entre les ruelles. Et à mesure qu’elle progressait vers son domicile, ses pensées devenaient de plus en plus virulentes. Finalement, sur la première marche de son entrée, elle changea d’avis. Elle irait elle-même exprimer ce que l’ombre du village n’oserait jamais dire.

Tu t’es mêlée de choses qui ne te regardaient pas.
Paye maintenant pour ta stupidité, et vas.

Elle avait fait demi-tour, était revenue sur ses pas. Où le trouver ? Un nouveau problème se posait à elle. Et alors qu’elle marchait, un peu au hasard, elle se rendit compte que jamais elle n’avait eu l’impression qu’elle allait transgresser une règle. Lui avait-on vraiment ordonné de ne rien faire ? Non, c’était l’absence d’ordre, l’absence de réaction qui l’avait agacée. Elle était partie comme ça. Ne l’aurait-on pas rattrapé si on avait pensé qu’elle pourrait faire une « erreur » ? Un sourire mauvais s’inscrivit sur son visage. C’était cela, on s’imaginait trop simplement qu’elle ne ferait jamais rien. Elle marcha encore un peu. Et enfin, elle le trouva. Le second démon de Kiri, la renaissance d’un être ignoble en un autre encore pire. Et dans ses pensées mauvaises elle songea amèrement qu’il ne serait jamais que le second, comme son surnom le disait si bien. Ils étaient dans une petite ruelle du centre, simple et banale. Les immeubles montaient, irréguliers, et faisaient comme une ombre sur les pavés. Bientôt, l'ombre serait partout. Lui marchait à contre-sens, c'était ainsi qu'elle avait pu le reconnaitre. Elle avait bien pensé le trouver dans le quartier, mais si vite, c’était inespéré. Son cœur battait un peu plus vite, juste un peu. Calme. Assurée. Elle s’était arrêtée, soudainement, sans marquer de surprise. Et elle lui avait offert son plus beau sourire, comme elle le faisait toujours.

« Je vous cherchais… » Elle attendit un peu. C’était une scène étrange, trouva-t-elle. Puis sur un même ton, doux, langoureux, elle continua. « Je sais. Laissez ce village tranquille. J’aurai trop de regret sinon, ne m’obligez pas. »

T'obliger à le tuer ? Tes yeux le foudroient, il ne peut pas se méprendre. Tu es folle. Et je t'aime.

Spoiler:

On murmurait sur son passage. Certains vantant ses mérites, d’autres lui affublant les noms les plus haineux. Mais tous, sans exception aucune, disaient la même chose. Qu’il soit un modèle de volonté ou un monstre sanguinaire, il restait le maitre incontestable de son temps et personne ne pouvait le mettre à genoux. C’était faux. Ou plutôt, Mei ne croyait pas à ces rumeurs superstitieuses. Si un tel être de puissance existait, il ne serait pas là, debout devant elle à la regarder sereinement. Il serait plutôt en train de gouverner le monde, de réduire les hommes à l’esclavage. Il serait fou, et il n’y aurait plus d’espoir. Mais n’était-ce pas ce que Mangetsu désirait, gouverner et exploiter ? Elle admettait qu’il pouvait être incroyable, et la surpasser à bien des égards. Elle admettait aussi qu’elle était suicidaire ce soir. Elle ne pourrait pas grand-chose, mais si infime soit son impact, elle espérait toujours. C’était là sa grande faiblesse, qui perdurerait à jamais, croire facilement qu’il pouvait persister un espoir même dans la plus profonde folie, qu’il pouvait subsister un peu d’amour même dans l’acte le plus meurtrier. Au fond, elle avait beau être si ardemment révolté contre ce personnage ignoble, elle était saisie d’une ironique nostalgie. Car elle lui avait fait confiance, qu’elle avait regardé sa force avec les yeux de l’admiration. Elle s’était menti à elle-même, certes. Et il lui fallait ouvrir les yeux aujourd’hui.

Comme si rien ne pouvait l’ébranler, il lui répondait avec amabilité. Il souriait même. Elle, jamais elle ne parviendrait à camoufler de la sorte son émotion présente. Alors, elle restait un peu stupéfaite de la facilité avec laquelle il arrivait à l’aborder calmement, tandis qu’il devait forcément se poser des questions. Ou peut-être s’était-elle trompée, finalement ? Elle sourit aussi, mais c’était un sourire désespéré, énervé. Il n’avait rien de beau. « Vous mentez. Vous me mentez, vous leur mentez… » Elle avait nettement insisté sur le « vous ». Ils n’avaient plus rien en commun, elle estimait qu’il n’était plus de son village. C’était un inconnu, et il fallait qu’elle le traite comme toute personne qui lui était étrangère. « Et vous espérez vraiment que l’on vous croit. » En même temps qu’elle avait prononcé ces mots, elle se rendait compte de la bêtise de ses propos. Bien sûr qu’ils le croiraient. Elle-même n’avait-elle pas hésité, juste à l’instant ?

Sa main sur son épaule, ses yeux étranges et brillants plongés dans son regard, et la nuit qui continuait de progresser, de s’abattre sur le village. Merde, il fallait qu’elle fasse quelque chose. Il n'était pas évident de faire un pas vers l'avant une fois qu'on se retrouvait au pied du mur. Mei se demandait pourquoi elle n'avait pas été aussi fourbe que lui, et pourquoi elle ne l'avait pas pris de façon sournoise, par surprise. Trop honnête sans doute. (Dur la vie quand on a toutes les qualités)

U.C – Je continue en rentrant de cours, ce midi. (Mouarf, j'me suis endormie en écrivant hier soir xDD)